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Vertiges des abysses

Vertigineuse plongée dans les abysses


Contemplation fascinée de ces gouffres amers où certains poissons, avalés par la nuit, se métamorphosent en "épouvantes". Claude Blanc-Brude artiste plasticien isérois, avec sa nouvelle collection intitulée « Les abysses », provoque en nous des regards hallucinés par des océans engloutis par les noirs, où des poissons esseulés, prédateurs, sont métamorphosés par l’effroi ou avalés par la nuit…


 

Les abysses, source d'inspiration labyrinthique

Les vertigineuses abysses constituent un monde fascinant dans les zones profondes de l'océan où la lumière ne pénètre jamais (à partir de 2 000 m de fond). Les plaines abyssales qui composent la plus grande partie des fonds océaniques se trouvent entre trois et six mille mètres de profondeur. La fosse de Marianne est l'abysse le plus profond situé à onze mille mètres. Moins fréquentées par l'homme que la lune, les abysses occupent néanmoins les deux tiers de la planète terre et 95 % des abysses restent inexplorées. Les grands fonds sont cartographiés avec bien moins de précision que la Lune et davantage d’hommes sont allés dans l’espace qu'au plus profond des océans. Les abysses sont peuplées d’une faune étrange et encore méconnue. Comme la lumière du jour ne perce pas, les animaux ont dû s’adapter à cet environnement obscur en produisant leur propre lumière. Bioluminescent, ils attirent ainsi leurs proies pour se nourrir.

Les poissons de Clause BB semblent tout droit sortis des abysses. Quelquefois apaisés, parés de pétales d'or, d'autre fois barbares, prédateurs barbouillés de couleurs fluos, ocres, corail, ou blancs... Tout comme la faune abyssal ses tableaux dégagent les même halos blêmes faisant trembloter l'épaisseur de la mer obscure. On retrouve aussi les même traînées de reflets transperçant l’obscurité des abysses traduite ici par du gris anthracite, du brun terreux, du noir mat ou brillant... Poissons plats, osseux, pointus, tachetés.... L'ensemble, toujours étincelant, éveille une multitudes d’allégories.

 

Une faune abyssale cauchemardesque

En maître des vertiges, Claude Blanc-Brude nous plonge ainsi dans un univers qui semble lui être devenu obsessionnel. Sur ses tableaux de dimension intense, où la nuit semble s'être invitée, arrivent des poissons inconnus. Dépouillés en partie de leurs chairs, leurs arêtes portent les bruissements de l'eau. Leurs silhouettes, quelquefois très belles, présentent des altérations, créant des vides. Leurs surfaces grêlées, trouées, percluses d'élégantes biffures, les fait passer pour des reliques d'un autre monde. Il traduit ainsi l'immense solitude des poissons dans les profondeurs de l'océan. A l'image de la faune abyssale, sans l'avoir choisi réellement, il produit des poissons-monstres, dont la physionomie cauchemardesque semble les faire sortir d'un film de science-fiction.

Avec cette nouvelle collection, - plus de quatre vingt tableaux - Claude Blanc-Brude nous laisse entrevoir comme une civilisation marine labyrinthique, dont il est le seul à détenir le secret. Ces créations extraordinaires, venues des tréfonds de l'océan, nous déstabilisent, parfois même nous choquent, puis nous captivent, nous émerveillent par leurs mouvements, leurs couleurs. Fervent défenseur de bichromie, toutes les couleurs de l'arc en ciel y sont néanmoins représentés jusqu'au fluo. Procédant sans le vouloir vraiment d’une transfiguration fantastique du réel, l’œuvre visionnaire, pour ne pas dire hallucinatoire, n’est qu’un vertige. Vertige des espaces infinis avec des tracés d'une précision infinie… Vertige des cadrages exagérés, boursoufflés, condensés, biseautés, en plongée ou contre-plongée… et des perspectives sans fin… Vertige des horizons transformés en abîmes, par d’énigmatique clartés happant le regard pour le perdre dans les labyrinthes des profondeurs des océans démultipliant les images du vide…

Nous sommes extrêmement émus, touchés au coeur par la force incroyable et la sensibilité des oeuvres de Claude Blanc-Brude, qui a eu l'audace d'avoir révélé la magie d'un univers inconnu de tous.


Rosalie Hurtado 

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